En cette radieuse nuit du 9 mai 2024, la République du Tchad se réveille avec une nouvelle qui fait vibrer les tambours des villages, les klaxons des voitures, mais aussi les crépitements joyeux des armes à N’Djamena : MIDI est déclaré vainqueur de la présidentielle du 6 mai 2024. Soutenu par le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) et pas moins de 231 partis politiques ainsi que des myriades de bureaux de soutien, MIDI se prépare à gouverner le pays. Mais avant même que le nouveau président élu ne soit investi, les défis commencent à pointer le bout de leur nez.
À peine les résultats confirmés par le Conseil Constitutionnel, chaque parti politique, chaque bureau de soutien réclame sa part du gâteau gouvernemental. Saleh Kebzabo, l’ex-premier ministre devenu médiateur national se fait le chantre du mouvement oubliant la retenue que lui impose sa nouvelle fonction. “Demain, dans la gouvernance, n’allez pas chercher dans l’opposition quoique ce soit pour venir gérer le pays avec vous. Gouvernez avec ceux qui vous ont aidés à accéder au pouvoir”, clame-t-il avec une vigueur. Selon Kebzabo, MIDI doit gouverner avec ceux qui ont porté sa candidature et laisser les opposants s’opposer, comme il se doit. On voit bien dans la mire de Kebzabo deux figures de l’opposition, Masra Succès et Pahimi Padaké, tous deux potentiels premiers ministres si MIDI décidait d’inclure l’opposition pour apaiser et unir le pays.
Au centre de cette mêlée, MIDI se retrouve avec une équation aussi complexe que celle de Schrödinger : comment satisfaire tout le monde ? Choisir de gouverner uniquement avec ses alliés, au risque d’exclure une partie significative de la population, ou bien tendre la main à l’opposition au risque de décevoir ses soutiens ? La tâche s’annonce ardue, semblable à essayer de faire entrer un troupeau d’éléphants dans une caverne de lapins.
Le Dr Pierre Kadi Sossou est le directeur pays du bureau de l’EISA au Tchad.
Ce billet de blog a été rendu possible grâce au soutien financier de l’Union européenne dans le cadre de l’accord de subvention n° NDICI AFRICA/2022/435-927. Les opinions exprimées ici sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l’UE.
