Du 14 avril au 4 mai 2024, le paysage politique du Tchad s’est animé d’une effervescence électorale sans précédent. Dans un ballet politique fascinant, les dix candidats en lice ont rivalisé d’ingéniosité pour offrir une expérience inoubliable aux Tchadiens, chacun cherchant à séduire l’électorat et à marquer de son empreinte cette campagne présidentielle de sortie de transition.
Dès le début, une atmosphère bon enfant et empreinte de fair-play a régné. La première semaine de campagne a été une véritable célébration de la démocratie, où la diversité des candidats a donné lieu à un spectacle politique riche en couleur. Parmi ces candidats, deux figures se sont clairement détachées : Succès Masra et Mahamat Idriss Deby Itno, appelé MIDI.
Succès Masra, parmi les candidats à démarrer une campagne précoce à N’Djamena, a étendu son influence à travers tout le pays depuis le lancement officiel, quasiment toujours sur les pas de Mahamat Idriss Deby Itno, dit MIDI. En effet, MIDI, le pilote, a été le premier à entreprendre une tournée des grandes villes, suivi de près par son co-pilote. Tandis que le pilote met l’accent sur l’unité, la sécurité et la fidélité à la parole donnée, le co-pilote parle de justice et d’égalité, en demandant aux électeurs de lui accorder la place de pilote. À travers cette métaphore de voyage, il promet que tous les passagers de l’avion qu’il pilotera seront traités comme des VIP, voyageant dans le confort de la classe affaire, symbole de son engagement pour l’égalité. C’est par cette image que le candidat illustrait sa vision du leadership, marquée par une attention particulière à l’inclusion et au bien-être de chacun. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, le cortège de Masra a avancé, vendant l’espoir d’un Tchad prospère et équitable pour tous.
La participation des deux chefs de l’exécutif était initialement perçue comme un arrangement, une continuation du deal de Kinshasa, mais au fil du temps, les choses ont évolué sur terrain. Tandis que MIDI était porté par une multitude de bureaux de soutien, chacun travaillant avec sa couleur, son slogan sur fond de rivalité plus que d’unité, Succès Masra avançait ses pions avec un message simple et clair fait de son nom: « Masra pour le succès du Tchad. » Avec ce message percutant, le co-pilote a commencé à attirer les foules. Sa stratégie est simple : il suit les traces de MIDI, laisse le pilote développer ses arguments, puis arrive pour les déconstruire habilement. L’adhésion massive de la population à cette stratégie de campagne a fait monter les enchères, et les deux candidats en tête ont commencé à se lancer sérieusement des piques, ce qui a amené l’Agence Nationale de Gestion des Elections (ANGE) à faire une sortie pour appeler les protagonistes à la retenue.
Bien sûr, certains candidats ont parfois été stoppés dans leur campagne pour accorder la priorité à MIDI, en sa qualité de président de la transition ; certains électeurs ont également saboté les échafaudages et déchiré les affiches de MIDI. Cependant, la campagne a pris fin le 4 mai sans incidents majeurs, semant un doute sérieux sur la thèse d’une continuation du deal de Kinshasa.
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