Le Conseil constitutionnel du Tchad a rendu publique la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle tant attendue. Le processus électoral, encadré par le chronogramme établi par l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), a vu les candidats déposer leurs dossiers du 6 au 15 mars 2024. Sur les 20 candidats dans le starting block, le Conseil constitutionnel a retenu les 10 suivants :
1. Alladoum Djarma Baltazar
2. Assyongar Masra Succès
3. Bebzouné Bongoro Theophile
4. Lydie Beassemda
5. Mahamat Idriss Deby Itno
6. Mansiri Lopsékréo
7. Mbaimon Guedmbayë Brice
8. Nasra Djimasngar
9. Pahimi Padacke Albert
10. Yacine Abderamane Sakine
Parmi les candidats figurent des personnalités politiques notables, notamment le président de la transition Mahamat Idriss Deby Itno, soutenu par la coalition Tchad Uni, le premier ministre de la transition actuel, Dr Succès Masra, appuyé par la coalition Justice et Égalité, ainsi que l’ancien premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert du parti RNDT Le Réveil.
La présence remarquable de Lydie Beassemda enrichit l’histoire électorale du Tchad d’un nouvel épisode marquant : celui de l’inclusion des femmes dans la compétition présidentielle. Sous le règne d’Idriss Deby père, des pionnières comme Dorkagoum Boularangar Marthe et Lydie Beassemda avaient tenté leur chance. Si l’essai de Marthe n’a pas prospéré, Lydie avait franchi le starting block et est arrivée troisième, juste après le candidat malheureux Pahimi Padacké Albert. L’annonce de sa candidature pour la deuxième fois représente un tournant décisif, qui familiarise les Tchadiens avec la gent féminine dans la bataille, aux côtés des hommes, pour la plus haute fonction du pays.
Effectivement, Madame Kourmaji Mariam Djelar a également tente de relever le défi en se lançant dans la course présidentielle sous la bannière de l’Union Nationale pour l’Alternance au Tchad (UNAT). Cependant, son parcours a été entravé par des obstacles administratifs. Son certificat médical, établi par des médecins étrangers, a été jugé non conforme, et elle a omis de fournir les documents essentiels tels que sa photo d’identité et le logo de son parti pour l’impression des bulletins.
L'élection présidentielle, organisée au suffrage universel direct selon un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, verra la future présidente, le futur président élu pour un mandat de cinq ans, avec la possibilité d'une réélection pour un mandat consécutif
Plusieurs candidatures ont été rejetées en raison de la non-conformité des extraits d’acte de naissance ;ont notamment été rejetées les candidatures de Abdelrahim Younous Ali, Mahamat Nour Moustabchir, Djimet Khamis Ahmat, Ibrahim Ahmed Koulamallah, Abderrahim Mahamat Ahmat Annour, Rakhis Ahmat Saleh. D’autres candidats comme Ahmat Soubiane Hassaballah, membre actif des Forces de Défense et de Sécurité, ainsi que Djimet Clément Bagaou, colonel retraité n’ont été retenus faute de fournir les documents nécessaires attestant de leur mise en disponibilité conformément à l’Article 149 du code électoral. Quant à Nassour Ibrahim Neguy Koursami, sa candidature a été rejetée en raison de sa détention de multiples nationalités, incluant la citoyenneté britannique, soudanaise et tchadienne.
Les critères pour se porter candidat à la fonction de Président de la République sont stricts, tels que stipulés à l’Article 148 du Code électoral, incluant notamment
• être Tchadien ou Tchadienne de naissance, né de père et de mère eux-mêmes Tchadiens et n’avoir pas une nationalité autre que tchadienne ;
• avoir au moins trente-cinq ans ;
• jouir de tous ses droits civiques et politiques ;
• avoir une bonne santé physique et mentale ;
• être de bonne moralité ;
• résider sur le territoire de la République du Tchad depuis au moins un an au cours des trois dernières années ;
• se mettre en position de disponibilité si on est membre des Forces de Défense et de Sécurité (Art. 149);
• verser au Trésor public une caution de dix millions (10 000 000) de francs CFA, remboursable si le candidat a obtenu au moins dix pour cent (10%) des suffrages exprimés au premier tour (Art. 152).
L’élection présidentielle, organisée au suffrage universel direct selon un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, verra la future présidente, le futur président élu pour un mandat de cinq ans, avec la possibilité d’une réélection pour un mandat consécutif, conformément aux dispositions des Articles 145 et 146.
Avec la publication de la liste de dix candidats à l’élection présidentielle, le Tchad s’apprête à vivre une campagne électorale animée et pleine de surprises. Chaque candidat apportera sa vision et ses propositions pour l’avenir du pays, suscitant ainsi des débats passionnés et des échanges d’idées enrichissants. Dans ce contexte, il est essentiel que chaque citoyen s’engage activement dans le processus démocratique en restant curieux et attentif aux professions de foi de chaque prétendant à la magistrature suprême. En effet, la campagne électorale peut être comparée à un marché dynamique où chaque candidat présente sa “marchandise” politique aux électeurs. C’est à ces derniers qu’il revient de fixer le “prix” en exprimant leur choix lors du vote, et d’opter pour le candidat dont les idées et les valeurs correspondent le mieux à leurs aspirations. Dans ce marché démocratique, c’est l’électeur qui détient le pouvoir souverain et qui décide du chemin que prendra le pays.
Le Dr Pierre Sossou est le directeur pays du bureau de l’EISA au Tchad.