Cet article explore la judiciarisation des primaires des partis dans le Nigeria contemporain, qui constitue une caractéristique déterminante de la politique électorale du pays. Depuis la création de la Quatrième République, le manque de démocratie interne au sein des partis a été à l’origine de crises prolongées lors des nominations, et cela dépend souvent de la sérénité des tribunaux. Les études dominantes en théorie juridique soutiennent que les primaires contestées sont des affaires internes au parti ; ils ne sont donc pas justiciables. S'appuyer sur des données primaires et secondaires – Entretiens sur YouTube, Constitution, loi électorale, décisions judiciaires, reportages médiatiques et observations personnelles – cet article soutient que dans la mesure où les partis politiques sont des entités juridiques, les élections primaires contestées sont justiciables, d'où une question juridique qui doit être résolue par le judiciaire. Pour valider notre argument, l’article s’appuie sur la notion de compétence universelle et obligatoire de Raphaël (1970). Notre enquête révèle que l’incapacité des mécanismes internes des partis à résoudre les primaires contestées explique pourquoi les candidats lésés ont eu recours à des recours légaux. Bien que cette approche ait été remise en question d’un point de vue légaliste, la constitutionnalité de la demande de réparation juridique trouve son origine dans le changement de régime juridique régissant les primaires des partis, qui a façonné, remodelé et eu un impact positif sur la démocratie électorale au Nigeria.
This article explores the judicialisation of party primaries in contemporary
Nigeria, which is a defining feature of the country’s electoral politics. Since
the inception of the Fourth Republic, the lack of internal democracy within
the parties has been the source of protracted crises during nomination, and
this often gravitates to the serenity of the court(s). Dominant disquisitions
in legal theory contend that disputed primaries are internal party affairs;
hence, they are non-justiciable. Drawing on primary and secondary data
– YouTube interviews, the Constitution, the Electoral Act, judicial ruling,
media reports, and personal observation – this article argues that to the extent
that political parties are juridical entities, disputed primary elections are
justiciable, hence a legal question to be resolved by the judiciary. To validate
our argument, the article draws on Raphael’s (1970) notion of universal and
compulsory jurisdiction. Our enquiry reveals that the failure of the internal
mechanisms of the parties to resolve disputed party primaries accounts for
aggrieved aspirants’ reliance on legal redress. While this approach has been
questioned from a legalistic point of view, the constitutionality of seeking
legal redress has its provenance in the change of legal regime regulating party
primaries, which has shaped, reshaped, and positively impacted electoral
democracy in Nigeria.